À quelques heures de la cérémonie d'ouverture des Jeux paralympiques de Paris 2024, le président de l'Agefiph, Christophe Roth, explique comment bien intégrer les personnes en situation de handicap en entreprise, afin d'aller collectivement vers une société plus inclusive.

Des para-athlètes se sont insurgés contre l’étiquette de « super-héros » qui leur est souvent accolée. « Personne n’a parlé de super-héros pour évoquer Teddy Riner et Léon Marchand », a pesté Michael Jeremiasz, champion paralympique de tennis en double, mardi 27 août, tandis que Sofiane Mehiaou, membre de l’équipe de France de basket fauteuil, lançait quelques jours plus tôt : « Faut vraiment que tu (Teddy Riner, ndlr) arrêtes de parler de nous de cette manière, tu ne nous aides pas ! On est ni à plaindre, ni à valoriser. »

Les qualifications faites de diminutifs, ou, au contraire, de superlatifs, véhiculent un imaginaire erroné autour des personnes handicapées. « Cela leur porte préjudice, y compris dans la sphère professionnelle, affirme Christophe Roth, président de l’Agefiph (association d’aide à l’emploi des personnes handicapées) et Secrétaire national accessibilité et égalité des chances à la CFE-CGC. Certes, elles accomplissent des exploits extraordinaires, mais l’image du héros continue de les mettre en dehors des organisations, d’en faire des personnes différentes des autres. Alors qu’elles n’aspirent justement qu’à trouver leur juste place dans la société, en étant considérées comme des personnes ordinaires. 

Lutter contre les préjugés

Aussi, en entreprise, le dirigeant préconise de lutter contres les idées préconçues. Et ce, dès le recrutement. Il s’agit « de changer le regard porté sur les personnes en situation de handicap, d’aller au-delà des apparences. Nous pensons que leur physique va entraîner une sous-performance au travail, mais c’est une erreur. Ces personnes ont un mental très fort, parfois similaire à celui de sportifs de haut niveau. Elles sont combatives et ingénieuses. Ce sont des travailleurs acharnés, qui ont une bonne hygiène de vie. Comme tout un chacun, ils ont des connaissances et des compétences intéressantes pour une organisation. »

Christophe Roth attire également l’attention sur l’invisibilité des maladies chroniques ou des troubles cognitifs, psychiques, et sensoriels, qui représentent 80 % des handicaps, soit 9 millions de personnes en France, selon l’APF France Handicap. « Ces handicaps invisibles sont encore plus difficiles à appréhender, voire sont associés à de la dangerosité. Les troubles mentaux, en particulier, suscitent des craintes. »

Après l’intégration de personnes en situation de handicap au sein des entreprises, poursuit le président de l’Agefiph, les managers ont la possibilité de « faciliter leur parcours professionnel ». Afin de rendre cette démarche subtile et efficace, il est préférable qu’ils y soient formés, car « personne ne peut vraiment s’imaginer les obstacles qu’elles rencontrent au quotidien », ajoute-t-il. Les managers peuvent alors aménager le temps, l’organisation ou encore l’espace de travail des personnes en situation de handicap.

Exprimer ses besoins

Et pour que cette personnalisation du travail se passe au mieux, « la personne handicapée doit apprendre à verbaliser ses besoins auprès de son manager, mais aussi du collectif, recommande le dirigeant. Si des avantages sont octroyés à cette personne, comme arriver plus tard le matin ou partir plus tôt le soir, alors cela doit être expliqué aux autres membres de l’équipe. Sinon, ils auront un sentiment d’injustice, voire de jalousie. Ils ne comprendront pas ce traitement de faveur. » Selon lui, les équipes doivent donc également être sensibilisées aux enjeux autour du handicap : « Cela leur permettra d’accueillir et de collaborer avec ces personnes en bonne intelligence, avec une ouverture d’esprit. »

Depuis quelques années déjà, l’insertion des personnes en situation de handicap sur le marché du travail « s’améliore », se réjouit Christophe Roth. Le taux du chômage est en effet passé de 19 % à 12 % en 2022, d’après la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (DARES). Mais, « du chemin reste à parcourir », dit-il, car le handicap demeure la seconde cause de discrimination (56 %), juste après la couleur de peau (58 %), et devant le genre (46 %), l’orientation sexuelle (40 %), l’âge (35 %), et la religion (34 %), rapporte le dernier Baromètre du Défenseur des Droits, publié en décembre 2023.

Source : courriercadres.com

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