Avec un excédent de 1,6 milliard d’euros en 2024, l’Agirc-Arrco continue de renforcer ses réserves financières, qui atteignent désormais plus de 85 milliards d’euros. Ce trésor de guerre n’est pas conservé sous clé : il est placé sur les marchés financiers pour garantir, à long terme, le paiement des pensions à près de 14 millions de retraités.
En 2024, les comptes de la retraite complémentaire Agirc-Arrco – le régime de retraite complémentaire des salariés du privé – sont restés excédentaires. Les cotisations perçues ont progressé, tout comme les pensions versées, en raison notamment du grand nombre de nouveaux retraités issus de la génération du baby-boom.
Cette bonne santé permet au régime d’accumuler des réserves financières colossales : 85,6 milliards d’euros au 31 décembre 2024. Ce matelas de sécurité respecte ce que l’on appelle la "règle d’or" : avoir toujours de quoi verser au moins six mois de pensions en cas de crise.
Un trésor qui ne dort pas
Ces réserves ne restent pas immobiles. Elles sont placées sur les marchés financiers pour produire du rendement. "Nous ne perdons jamais de vue que ces réserves garantissent la retraite à venir de millions de salariés, et forment une assurance contre les crises de tous ordres, à l’exemple de la pandémie de Covid-19", explique Christian Lavedrine, vice-président de la commission technique et financière (CTF) de l’Agirc-Arrco.
D’où la nécessité de gérer cet argent en bon père de famille. "Nous poursuivons une stratégie de placement, soumise à de strictes règles prudentielles, qui minimise le risque", précise-t-il. Le portefeuille est investi à 70 % en obligations (des titres d’emprunt), et à 30 % en actions (titres de sociétés). Près de 90 % des placements sont localisés dans la zone euro, dont 30 % en France. De plus, "l’ensemble est géré de façon socialement responsable, les impacts environnementaux, sociaux et de bonne gouvernance étant pris en compte dans la politique financière du régime".
Des investissements patriotes
L’Agirc-Arrco ne se contente pas de sécuriser ses placements : elle veut aussi avoir un impact positif sur l’économie réelle. "Elle a décidé de renforcer son investissement dans l’économie du pays", annonce Marc Ambiaux, président de la CTF. "Nous consacrons 500 millions d’euros par an, pendant six ans, soit 3 milliards d’euros au total, aux PME et ETI (Entreprises de taille intermédiaire, NDLR.) françaises non cotées, ainsi qu’aux projets d’infrastructures – éolien, solaire, gestion des eaux, transport en commun…"
Une gestion rigoureuse
Cette gestion repose sur un suivi permanent. "Nous nous réunissons régulièrement pour passer au crible l’ensemble du portefeuille, au regard des évolutions de marché, et en lien permanent avec la commission audit et risques, explique encore Marc Ambiaux. Nous pilotons sur le moyen et long terme, mais notre mission exige aussi une grande réactivité. Par exemple, nous rencontrons rapidement les gérants de fonds qui ont sous-performé ou dont la structure a changé."
Des réserves pour garantir l’avenir des retraites
L’Agirc-Arrco s’est engagée à verser des pensions complémentaires sur les 50 prochaines années, soit 3 500 milliards d’euros de droits futurs. Ce capital de 85 milliards d’euros sert donc de filet de sécurité pour faire face aux incertitudes économiques et démographiques. Comme l’explique Christian Lavedrine, "ces réserves sont nécessaires pour amortir les aléas démographiques ou d’éventuels chocs économiques".
Source : ladepeche.fr