Donald Trump a annoncé un décret pour réduire de 59% les prix des médicaments aux États-Unis. Le président, prêt à affronter l'industrie pharmaceutique, envisage également de contraindre le reste du monde à suivre le mouvement, tout en nourrissant l'idée de représailles économiques pour les pays récalcitrants.

20 minutes avant d’embarquer pour son voyage officiel au Moyen Orient, Donald Trump s’efforçait encore de maintenir sa présence dans l’actualité nationale, annonçant la signature d’un décret présidentiel réduisant de 59% («et peut être de 90%»)  le prix des médicaments aux États-Unis. D’un trait de plume, le président entend régler une aberration qui affecte ses citoyens depuis des décennies, autant que toute l’économie des assurances médicales publiques et privées des États-Unis : le prix exorbitant des médicaments, tarifés en moyenne trois à quatre fois plus, voire jusqu’à dix fois pour certains traitements, qu’en Europe ou dans les autres nations développées.

«Notre pays va enfin être traité équitablement, et les dépenses de santé de nos citoyens vont diminuer dans des mesures jamais vues auparavant, annonçait-il la veille sur son réseau social Truth Social. Qui plus est, les États-Unis vont économiser des milliers de milliards de dollars.»

Faire plier les "Big pharma"

Donald Trump a confirmé qu’il avait ordonné à Robert Kennedy Jr, son secrétaire d'État à la Santé, d’établir des objectifs de réduction de prix dans les trente jours en vue de négociations avec les «Big Pharma», les grands de l’industrie pharmaceutique. Mais il a ajouté à l’incertitude en promettant qu’en cas de blocage des pourparlers, le gouvernement imposerait des tarifs calculés en fonction de la clause de la «Nation la plus favorisée», alignés sur les prix les plus bas en vigueur dans d’autres pays développés.  

Jouant une fois de plus sur de multiples tableaux, le président ouvre aussi la voie à un nouveau contentieux international. Il constate que l’écart de prix entre les États-Unis et le reste du monde s’explique par une différence essentielle : le gouvernement américain n’impose aucun contrôle des prix à l’industrie pharmaceutique alors que les autres pays développés, tous dotés de systèmes d’assurance publique nationaux, disposent de moyens de pression conséquents sur les laboratoires. 

Contraindre le reste du monde

Aux États-Unis, Trump entend exiger des sacrifice aux Big Pharma, qui tirent les trois quarts de ses bénéfices du marché américain et justifie ses tarifs par l’ampleur de ses investissements en recherche. «Pendant des années, ces entreprises ont prétexté les coûts de recherche et développement, fulmine le président sur Internet. Ils ont répété que ces coûts devraient, sans aucune raison, être entièrement à la charge des 'pigeons' américains !». Face au reste du monde, le populiste, en quête de bouc émissaires, pourrait infliger de diverses représailles aux pays dont les assurances publiques refuseraient des hausses de prix des médicaments américains.

«Les patients américains ont subventionné effectivement des systèmes de santé socialistes» tonnait-il lundi matin. Cette offensive externe serait plus facile qu’une confrontation politique avec le secteur pharmaceutique aux États-Unis. En 2019, Donald Trump avait lancé un plan bien plus modeste visant à aligner le prix de médicaments contre le cancer sur leur niveau international pour les 67 millions de personnes âgées bénéficiant de l’assurance publique Medicare. Les tout-puissants labos ont fait annuler cette règlementation par les tribunaux fédéraux et Joe Biden, plutôt que de reprendre l’idée, a obtenu du Congrès un pis-aller : une loi autorisant pour la première fois l’assurance publique Medicare à négocier les tarifs avec les grossistes et intermédiaires en pharmacie.  Mais pas directement avec les laboratoires, et seulement à partir de …2026. 

Un dispositif de Biden conservé

Trump n’a pas essayé de démanteler cette mesure de son prédécesseur, inscrite dans le plan «Inflation Reduction Act». Il a même déjà tenté d’imposer, via le Congrès le mois dernier, sa propre baisse des tarifs de médicaments remboursés par le Medicaid, l’autre assurance publique couvrant, elle, les patients les plus pauvres. Avant d’essuyer les protestations du lobby pharmaceutique «contre un contrôle des prix gouvernemental néfaste pour les patients américains» qui selon lui couterait 1000 milliards en dix ans au secteur.

Les élus du Congrès, si dépendants des contributions électorales du secteur pharmaceutique, n’ont même pas mis ce projet à l’ordre du jour de leur prochaine loi budgétaire. Donald Trump, décidé à renouveler cette année les baisses d’impôt sur le revenu votées lors de son premier mandat, cherche toujours à en adoucir les conséquences pour ses électeurs. Des baisses de prix des médicaments réduiraient d’autant les coupes impopulaires envisagées dans la couverture des assurances publiques Medicare ou Medicaid.  Les géants des Big Pharma pourraient montrer leur bonne volonté en réduisant leurs prix aux États-Unis. Trump, artiste du «Deal», promet déjà de les dédommager en leur obtenant des hausses dans le monde entier.

Source : usinenouvelle.com

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