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Le gouvernement va lui-même définir d’ici l’été les nouvelles règles de l’indemnisation de l’assurance chômage. Pour l’universitaire Rémi Bourguignon, spécialiste du dialogue social, il s’agit d’un nouveau « recul du paritarisme », qui s’inscrit dans une « tendance lourde »
Comme en 2019, le sort de la future convention de l’assurance chômage retombe entre les mains du gouvernement, après l’échec des partenaires sociaux dans la négociation sur le Pacte de la vie au travail et notamment le travail des seniors. Ce volet était intimement lié à l’évolution des règles d’indemnisation. L’État va donc agir via un décret dans cette situation dite de « carence », là où les partenaires sociaux doivent en temps normal fixer eux-mêmes les règles d’un régime paritaire.
Rémi Bourguignon, professeur des universités en sciences de gestion, directeur scientifique de la chaire Transformation et Régulation de la Relation de Travail à l’Université Paris Est Créteil, a répondu à nos questions sur les implications de la décision du gouvernement, et ses implications sur le paritarisme.
Le gouvernement a décidé de reprendre la main une nouvelle fois sur l’assurance chômage. Êtes-vous surpris ?
On peut noter que cette reprise en main par l’État d’un certain nombre de sujets liés à la protection sociale, ce n’est pas nouveau. Plusieurs gouvernements successifs se sont engagés dans cette voie, ce n’est pas seulement sous Emmanuel Macron. C’est une tendance lourde de l’État et d’un recul du paritarisme. Cela s’était déjà manifesté pendant la réforme des retraites. La grande idée d’après-guerre était de confier les sujets sociaux au paritarisme, pour les enlever du champ politique. L’État reprend la main et en fait un enjeu de politique.
Le nombre de promesses électorales qui sont des sujets de protection sociale, qui normalement ne devraient pas relever de la démocratie politique, est très important. Tous les candidats ont intégré l’idée que ça faisait partie du champ politique.
Sur ce sujet en particulier, on n’est pas très surpris étant donné que dès novembre dernier, le gouvernement avait annoncé dès novembre dernier cet accord à la signature de celui sur le travail des seniors. C’est une décision, ce n’est pas quelque chose de mécanique. Le gouvernement pouvait reprendre l’accord de novembre en disant qu’il était consensuel, quitte à l’ajuster.
Le décret de carence n’était donc pas inévitable ?
Il y a une carence de fait sur la deuxième négociation [sur l’emploi des seniors, ndlr]. La carence constatée sur le premier accord, c’est une décision du gouvernement, qui a voulu lier ces deux négociations. Et quand bien même la carence serait de fait, le gouvernement aurait pu prendre la décision de s’appuyer sur ce qui était consensuel dans le premier accord.
C’est presque étonnant de vouloir reconcerter, alors que les partenaires sociaux se sont entendus sur un contenu. On se demande quel est l’objet de cette concertation, alors qu’ils ont trouvé un accord.
Cela traduit une forte défiance de l’exécutif envers la démocratie sociale. Et quelque part, le message qu’envoie le gouvernement en surjouant l’échec de la négociation, c’est une sorte de confirmation de ce qu’il dit depuis le départ, et la campagne de 2017, à savoir que la démocratie sociale ne permet pas d’aboutir à des réformes ambitieuses. Il surjoue politiquement cet échec pour montrer qu’on a besoin de volontarisme politique.
Le gouvernement a-t-il installé les conditions de l’échec des négociations ?
À chaque fois que l’on lance des négociations avec des lettres de cadrage très précises et des attentes très précises en termes d’économies, on crée les conditions pour que ça échoue. En novembre, les partenaires sociaux s’étaient entendus. Dire que ça a été un échec, c’est un peu rapide. La négociation de novembre était difficile et les partenaires sociaux ont réussi à aller au bout, c’est d’autant plus dommage.
La dernière négociation montre qu’on a un peu sous-estimé la question de l’emploi des seniors, déjà soulevée pendant la réforme des retraites. Cette question du travail des seniors, de la pénibilité, appelle un travail lourd, qui ne peut pas se faire en quelques semaines, et de manière très éloignée du terrain. Elle amènera à déclencher tout un tas de réponses au niveau des entreprises, et elle suppose un travail de plusieurs années.
Que dire de la succession de réformes de l’assurance chômage ? La troisième depuis 2019 est en préparation.
Le rythme des réformes est beaucoup trop important. On n’a pas trop le temps de voir les effets, qui sont par nature un peu long à se produire. On est dépendant d’un agenda politique. On sait que l’on réforme pendant les premiers mois, quand les majorités suivent. Un exécutif n’a pas tellement le choix, il doit aller vite et multiplier les réformes.
C’est précisément la raison pour laquelle ces sujets doivent sortir du champ politique. On essaye de mettre le social au rythme du politique, ce qui ne fonctionne pas. Cela empêche de travailler sereinement sur le long terme, dans une démarche structurelle. Il y a un biais économiciste : on croit qu’avec quelques paramètres on va avoir des effets immédiats, alors qu’on est sur des questions d’organisation du travail et de management, beaucoup plus lourdes.
N’est-il pas problématique que ni les partenaires sociaux, ni les parlementaires ne soient finalement en mesure de décider de la future convention
d’assurance chômage ?
Ce n’est pas spécifique à cette réforme. On est habitué depuis quelques années à ce que les réformes s’émancipent de la démocratie sociale et de la démocratie parlementaire. C’est une question de rythme. On ne peut pas dire que ce n’est pas démocratique, ce gouvernement est légitime. Mais on voit que la réforme échappe à la délibération, et c’est probablement ce qui fait aussi qu’il y a un appauvrissement des réformes. Sur la réforme des retraites, on voit bien qu’il y a un appauvrissement considérable par rapport à l’ambition initiale.
Des parlementaires d’opposition estiment que la gouvernance de l’Unédic a été dévoyée. Partagez-vous ce point de vue ?
Sur les grands rendez-vous de ce type, à chaque fois qu’il y a une renégociation de la convention, elle est clairement dévoyée. L’État joue un rôle de plus en plus prégnant dans les instances. La convention est aussi tellement cadrée qu’on se demande si la négociation est encore autonome. En novembre, les partenaires sociaux ont introduit quelques idées nouvelles, mais on leur a dit que ça ne pouvait pas s’appliquer. Il y a très peu de place pour que les partenaires sociaux introduisent des idées un peu innovantes.
Peut-on encore parler de gestion paritaire dans ces conditions ? Le paritarisme n’a-t-il pas du plomb dans l’aile ?
Le paritarisme est attaqué. On peut se demander si on est encore dans une logique de paritarisme. Si la négociation est très cadrée, si elle contient des éléments qui ne conviennent pas au gouvernement, il peut écarter cette convention. L’option choisie par le gouvernement n’est pas d’inciter les partenaires sociaux à être plus innovants, mais de les contraindre et les maintenir sous contrôle.
N’y a-t-il pas aujourd’hui une forme de modèle hybride, entre la gestion purement paritaire et une protection sociale entièrement à la main de l’État ?
On n’est pas sur un modèle complet. Il traduit le fait qu’il y a une mise sous contrôle du paritarisme, mais personne n’ose l’attaquer frontalement. À la place, on le laisse survivre mais on le vide de toute décision. Un exemple avec les conseils prudhommaux : on les a vidés de leur capacité à décider, avec le plafonnement des indemnités prudhommales. Un programme politique ambitieux serait de repenser le modèle français, en se demandant quelle est la place de la démocratie sociale. Dans son discours, le gouvernement prétend être attaché au paritarisme, mais n’a jamais dit quelle était sa place.
Source : publicsenat.fr
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L’équipementier automobile prévoit une restructuration qui pourrait concerner 10 000 emplois en Europe. Les sites français sont très exposés. Explications avec Noël Zoleba Seri, délégué syndical central CFE-CGC.
Quel est votre parcours professionnel et syndical ?
Je travaille chez Forvia (ex-Faurecia) depuis 27 ans. J’y ai commencé comme ouvrier avant d’occuper des postes de superviseur équipe (ligne d’assemblage et logistique) puis de responsable qualité UAP (unité autonome de production) dans l’usine de Méru (Oise). Sur le plan syndical, j’ai adhéré à la CFE-CGC il y a une vingtaine d’années. J’ai exercé des mandats d’élu CHSCT, de secrétaire du CHSCT, de délégué syndical puis de délégué syndical central sur le périmètre Forvia Intérieur Industrie, une des branches de l’entreprise. Depuis 2023, je suis par ailleurs délégué fédéral au niveau de la branche plasturgie pour la fédération CFE-CGC Chimie.
Quelle est la dynamique de la CFE-CGC chez Forvia France ?
Grâce au travail de ses militants, la CFE-CGC Forvia est un acteur de poids avec plus de 26 % de représentativité au sein du groupe. Les deux autres grandes forces syndicales sont la CFDT et FO. Forvia emploie aujourd’hui en France plus de 10 000 salariés répartis sur 33 sites industriels et 8 centres de recherche, auxquels s’ajoutent environ 1 800 intérimaires.
Nous déplorons des annonces publiques qui ont complètement court-circuité les instances de dialogue social dans l’entreprise
La direction de l’équipementier automobile a annoncé un plan social qui pourrait concerner 10 000 postes en Europe. Quels sont les risques en France ?
Les inquiétudes sont grandes par rapport à ce projet baptisé EU-Forward qui prévoit une lourde réduction des effectifs sur la période 2024-2028. Si rien n’a filtré officiellement, il est probable que les sites français seront les plus impactés. Les salariés et les élus du personnel ont été assez stupéfaits d’apprendre ces annonces à la télévision lors d’une intervention sur BFM de notre directeur général, Patrick Koller. Les organisations syndicales dont la CFE-CGC sont immédiatement montées au créneau dans les différentes instances, avec notamment plusieurs droits d’alerte exercés dans les comités sociaux et économiques centraux (CSEC). De son côté, la direction fait valoir que le marché automobile est en pleine transformation avec une baisse des ventes en Europe et des effectifs qui doivent être ajustés en conséquence.
Que sait-on des contours du prochain plan social ?
C’est très nébuleux jusqu’à présent et on ne sait pas trop à quelle sauce les salariés français des différentes entités vont être mangés. Aucune réponse claire n’est donnée aux organisations syndicales qui ont décidé de constituer une intersyndicale. Début mars, nous avons été reçus au ministère du Travail pour exprimer nos inquiétudes par rapport à des annonces publiques qui ont complètement court-circuité les instances de dialogue social au sein du groupe. Ce n’est pas normal.
Comment réagissent les militants CFE-CGC ?
Alors que les craintes sont grandes chez les salariés, encore plus avec le projet de développement de l’intelligence artificielle dans les centres de recherche, nos équipes syndicales sont fortement mobilisées et je tiens à remercier le soutien et l’aide logistique apportés par l’union départementale CFE-CGC de l’Oise et l’union régionale CFE-CGC des Hauts-de-France.
Source : Confédération CFE-CGC
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Le fabricant de verre Duralex, dont l'usine est située à la Chapelle-Saint-Mesmin dans le Loiret, annonce ce mardi solliciter "l'ouverture d'une procédure de redressement judiciaire à son bénéfice auprès du tribunal de commerce d'Orléans". Le but est de trouver un repreneur à la maison mère, la NDI.
La verrerie Duralex annonce ce mardi solliciter "l'ouverture d'une procédure de redressement judiciaire à son bénéfice auprès du tribunal de commerce d'Orléans". Le communiqué est publié par la maison mère New Duralex International qui se cherche un repreneur. "La direction n’a pas eu d’autres choix que de prendre cette décision afin de préserver les intérêts de la société" assure NDI.
Dans ce communiqué, le groupe écrit avoir avisé les salariés ce mardi, et que "l'objectif est de chercher un repreneur pour NDI, visant ainsi à trouver la meilleure solution pour l'entreprise" qui emploie 230 personnes dans son usine historique de la Chapelle-Saint-Mesmin, dans le Loiret. Toujours dans le communiqué, on peut lire qu' "un administrateur et un mandataire judiciaire devraient être nommés par le tribunal pour assister l'entreprise durant la période d'observation qui devrait s'ouvrir".
Selon les dirigeants de Duralex, "au cours de l’exercice 2023, de nouvelles difficultés ont émergé, attribuables à l'inflation, à un environnement de consommation en fort retrait et à une concurrence exacerbée. Les performances commerciales de Duralex ont été sévèrement impactées. Malgré les efforts opérationnels et les investissements continus, les pertes n'ont pu être endiguées et l’horizon de retour à une situation plus favorable, assombri".
"Il ne faut pas baisser les bras, et espérer un repreneur". - François Dufranne, délégué CGT chez Duralex
Parmi les premières réactions, celle du délégué syndical CGT qui parle du haut de ses 32 années d'expérience au sein de Duralex. "Quand on voit que les commandes ne sont pas là, quand on voit qu'on commence à être tendu à tous les niveaux, on est rattrapé par la réalité, explique François Dufranne. Les chiffres parlent à un moment".
Il parle d'une sidération de la part de salariés qui ont appris la nouvelle, d'autant que "depuis quelques temps, on nous faisait des promesses, on nous disait que ça allait s'arranger, avec un projet à l'horizon 2030 pour développer des produits dans certains pays. Et trois semaines après, on nous dit 'redressement judiciaire'. Il ne faut pas baisser les bras, il faut espérer un repreneur".
Un prêt de l'État de 15 millions d'euros
L'usine de la Chapelle-Saint-Mesmin avait été mise à l'arrêt pendant cinq mois et demi, entre novembre 2022 et avril 2023, avant une relance de la production le lundi 17 avril 2023. Duralex avait expliqué avoir été asphyxiée par la hausse des prix de l'énergie. Le four avait été mis en veille et ses 250 salariés en chômage partiel. Au-delà des accords sur des prix fixes avec les fournisseurs de gaz et d'électricité, la verrerie avait bénéficié d'un prêt de l'État de 15 millions d'euros.
"En dépit de cette mobilisation et de l’engagement de l’actionnaire et des salariés, la situation économique n’a pas permis à Duralex d’opérer le retournement attendu et elle se trouve à nouveau placée en redressement judiciaire", explique le ministre délégué à l’Industrie Roland Lescure. "L’Etat mettra tout en œuvre pour essayer de faire émerger des solutions de reprise. Nous comptons sur les acteurs du territoire pour se mobiliser à nos côtés dans cette recherche".
Plusieurs redressements judiciaires et un dépôt de bilan dans l'histoire récente de Duralex
Il y a moins d'un mois, New Duralex International s'était par ailleurs vu infliger une amende de 1,3 million d'euros par la justice pour payer la lourde dette carbone laissée par l'ancienne direction. La société a annoncé son intention de faire appel car "cette décision compromet sérieusement la santé financière de NDI et sa capacité à maintenir ses activités de manière durable" écrit NDI dans son communiqué.
Un coup dur de plus pour la Maison française du verre, le groupe qui possède Duralex, et qui a vu son PDG partir l'été dernier, à peine trois ans après le rachat de l'usine, déjà à la faveur d'un redressement judiciaire. L'usine enchaîne les déboires depuis 20 ans. Elle a déjà connu par le passé des redressements judiciaires et même un dépôt de bilan en 2005.
Source : francebleu.fr
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Paris, le 16 avril 2024
COMMUNIQUÉ DE PRESSE
« POLLUANTS ETERNELS » : TROUVER L’EQUILIBRE
Après le pic médiatique et parlementaire de début avril, la Fédération CFE-CGC Chimie propose une analyse rationnelle de la question des PFAS, ces molécules qualifiées de « polluants éternels ».
QUELQUES RAPPELS
Les substances perfluoroalkylées (PFAS) sont des molécules chimiques synthétiques qui contiennent des liaisons carbone-fluor. Ces liaisons ultrasolides ne se dégradent quasiment pas après utilisation ou rejet dans l’environnement, d’où l’appellation de « polluants éternels ».
Les produits grand-public qui en contiennent sont par exemple les revêtements anti-adhérence des ustensiles de cuisine, les vêtements déperlants, les polymères des batteries des voitures ou encore les produits cosmétiques.
L’Europe contrôle et réglemente les PFAS depuis plus de 10 ans au travers du règlement européen sur les polluants organiques persistants (POP). Un calendrier de restriction des PFAS est acté par la Commission européenne et en constante accélération.
En France, l’Assemblée nationale a voté en première lecture, le 4 avril, une proposition de loi visant à restreindre la fabrication et la vente de produits contenant des PFAS à partir du 1er janvier 2026, excluant toutefois les ustensiles de cuisine.
POSITIONNEMENT DE LA CFE-CGC CHIMIE
Devant l’importance des enjeux de santé publique et économiques, Gilles Le Stir, président de la Fédération CFE-CGC Chimie, insiste sur une approche pragmatique : « Les PFAS peuvent impacter la santé des consommateurs mais également celle des salariés des entreprises de la Chimie. Cependant une interdiction immédiate menacerait de nombreux emplois. C’est toute la difficulté de la gestion de ce dossier. La CFE-CGC a toujours été en pointe des combats environnementaux au niveau national et au sein des entreprises, néanmoins l’emploi est également un paramètre de l’équation. Pour la CFE-CGC Chimie, il faut trouver un équilibre entre un engagement environnemental responsable et la sauvegarde des emplois. Le durcissement de la réglementation, que nous appelons de nos vœux, doit prendre aussi en compte les réalités des marchés internationaux, à défaut de quoi des produits d’importation non soumis aux règles écologiques françaises et européennes viendraient totalement fausser la donne. »
Pour Nicolas Patalano, délégué général de la Fédération CFE-CGC Chimie et coordinateur des branches professionnelles, « les PFAS sont des produits très utilisés dont, pour certains d’entre eux, les dangers pour l’organisme humain et l’environnement ont été longtemps mal évalués. Les sociétés de la Chimie en France mettent tout en œuvre pour réduire les rejets lors de leur fabrication mais également étudier leur substitution au plus vite. Cependant un délai doit être laissé aux entreprises et à leur encadrement pour trouver des solutions durables, dans le respect de la santé, de l’environnement et de l’emploi. »
CONTACTS Fédération CFE-CGC Chimie
Gilles Le Stir, président
06.11.07.10.63
gilles.le-stir@cfecgc-chimie.org
Nicolas Patalano, délégué général
01.42.28.28.05
nicolas.patalano@cfecgc-chimie.org
Philippe Moreau, secrétaire général
01.42.28.28.05
philippe.moreau@cfecgc-chimie.org
Pierre Duval, responsable communication
01.42.28.28.05
pierre.duval@cfecgc-chimie.org
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Carrière d’ingénieure, management, mandats syndicaux CFE-CGC, famille, défense de la parité femme-homme : Isabelle Montaudon mène tout cela de front au sein d’un géant du CAC 40, TotalEnergies.
Ingénieure, militante et élue CFE-CGC dans un environnement industriel complexe, mère de deux adolescents, cela fait beaucoup sur une seule tête, même si celle-ci est bien faite. Le yoga et la méditation ne sont dès lors pas de trop pour faire baisser la pression. Dans la vie d’Isabelle Montaudon, ces moments d’intériorisation se sont toutefois invités un peu par défaut : « Je faisais beaucoup de course à pied, je me suis blessée, raconte-t-elle, et c’est alors que je me suis orientée vers la méditation et le yoga. J’adore lire, mais pour cela il faut du temps… »
Le temps n’est pas ce dont elle dispose le plus. Dans le périmètre de son mandat de déléguée syndicale centrale CFE-GGC pour l’unité économique et sociale (UES) Raffinage Pétrochimie de TotalEnergies, on trouve la bagatelle de 9 établissements (raffineries, sites et siège social) représentant environ 5 000 salariés. Elle manage « de façon transverse » les équipes de 9 sections syndicales, 13 délégués syndicaux, 8 représentants syndicaux, 56 élus. « Négociation d’accords, dialogue social et droit du travail, communication interne et externe, organisation de campagnes électorales pour les élections professionnelles », détaille-t-elle. Toute la panoplie d’une militante de haut niveau.
Dans son CV, ses mandats syndicaux tiennent une place équivalente à ceux de son parcours professionnel. Une belle carrière, au passage, commencée chez un géant chimiste, Bayer, et poursuivie chez un géant de l’énergie, TotalEnergies.
Si l’on ajoute qu’Isabelle Montaudon, de par les activités de son entreprise, est affiliée à deux fédérations de la CFE-CGC, Enermine et la Chimie, et qu’elle est membre des « Elles » de la Chimie, un réseau de militantes pour la parité femmes-hommes, on comprend qu’elle ait eu besoin, progressivement, de prendre de la disponibilité pour ses mandats. D’un mi-temps militant, de 2010 à 2015, quand elle était déléguée syndicale de Carling, site de Total qui dépend de la convention collective Chimie, elle est passée à 80 % en 2015 lorsqu’elle est devenue représentante syndicale centrale de l’UES Raffinage Pétrochimie.
« Je suis à plein temps syndical depuis 2017, complète-t-elle. Je pense que je travaille plus que si je n’avais pas de mandats syndicaux. Je suis assez exigeante avec moi-même et sur la manière de travailler. J’aime que les choses soient préparées, carrées, et donc je vois le militantisme comme un job à part entière, conforme à ma manière de faire les choses en général. » Celle de quelqu’un qui ne prend pas l’injustice pour acquise : « En fait, rigole-t-elle, j’ai été déléguée de classe durant toute ma scolarité. J’ai donc toujours pris la parole pour représenter et défendre les intérêts des autres. Quand j’ai démarré chez Bayer, il a été naturel pour moi de me présenter aux élections du comité d’entreprise (CE) pour représenter mes collègues et comprendre le fonctionnement de l’entreprise. »
EN 2005, UNE ADHESION A LA CFE-CGC QUI SONNE COMME UNE EVIDENCE
Après ce premier mandat sans étiquette, elle prend sa carte à la CFE-CGC en 2005 comme une évidence : « J’avais besoin de structures et de plus de connaissance du droit du travail. Un PSE venait d’être annoncé. Comme j’étais sans étiquette, on m’a remis le Livre blanc avec une signature de confidentialité. Mon titulaire était parti en arrêt-maladie. J’étais la seule élue cadre, tous les autres étaient syndiqués. Je ne me reconnaissais pas dans la posture et les valeurs des autres syndicats. Je suis allée toquer à la porte de la CFE-CGC pour adhérer et avoir un coup de main. »
Plus tard, quand elle deviendra déléguée syndicale, la première personne qu’elle appellera sera son grand-père, un militant CGT pendant plus de 60 ans. « Il était super fier. Il m’a dit que c’était bien de s’occuper des autres ! Par la suite, il m’a envoyé une photo découpée dans l’Humanité Dimanche sur laquelle j’apparaissais (de profil) devant un de nos sites industriels ! »
Petit à petit, elle monte les marches syndicales. « En fait, à chaque mandat, j’ai acquis des nouvelles cordes à mon arc et d’autres compétences qui m’ont aidé à gravir les échelons. » L’occasion de saluer Dominique Convert qui fut son délégué syndical central de 2010 à 2012, qui l’a « aidée à grandir » et avec qui elle travaille désormais étroitement puisqu’il a été élu coordinateur CFE-CGC de TotalEnergies en 2019.
Est-ce qu’elle voit sa carrière d’ingénieure entre parenthèses ? « Je ne pense pas que ma carrière soit terminée. Il est clair qu’avec mes mandats j’ai développé des compétences que je n’aurais pas acquises en restant dans mon métier de la maintenance. Si je devais retourner demain dans l’opérationnel, je me verrais moins évoluer dans un métier technique que dans un métier en lien avec les diverses compétences que j’ai développées au travers de mes mandats syndicaux, dans les RH ou la formation par exemple. Cela dit, il n’est pas rare que je me dise : et pourquoi pas finir ma carrière comme prof de maths ? »
DEFENDRE LA PLACE DES FEMMES DANS LE SYNDICALISME
En attendant, celle qui a toujours fait les choses à l’envie et qui se félicite d’être capable d’oublier les mauvais moments et de ne garder que les bons, ne se laisse pas marcher sur les pieds. « Je me suis engagée dans les Elles de la Chimie car je trouve qu’il n’y a pas suffisamment de femmes dans le monde du syndicalisme d’une manière générale. J’ai des idées du pourquoi, du comment, et comment faire pour que ça change. » Durant sa carrière, elle a subi un manageur masculin toxique. « Cette expérience m’a endurci et aujourd’hui je ne me laisse plus faire. Depuis, je dis aux femmes : allez-y, osez, syndiquez-vous, prenez des mandats, levez la main, dites ce que vous avez à dire et faites-vous entendre ! »
L’actualité sociale de son entreprise est très chargée : nouvelle politique de rémunération, intéressement-participation, fin de carrière, gestion des emplois et des parcours professionnels… Mais le thème qui lui tient le plus à cœur reste la prévention des risques psychosociaux (RPS). « C’est un combat de tous les jours. Beaucoup de nos collègues font des burn-out. Je considère que notre entreprise ne gère pas correctement cette thématique des RPS et j’en ai fait part à notre PDG. »
Source : Confédération CFE-CGC